Ainsi repose en terre l’ombre de chaque feuille
De chaque fleur fanée en décomposition
Cloitrés dans un tombeau dépourvu de lumière
Les légumes pourris retournent en poussière
Avec un fol espoir de réincarnation
Ainsi repose en terre l’ombre de chaque feuille

Dans l’intestin fécond du monde souterrain
C’est le sang de la terre et la vie qui s’enflamme
Peuplées de champignons de micro-organismes
L’existence est un lieu ouvert sur l’optimisme
Où grouillent les insectes dans leur profond wigwam
Dans l’intestin fécond du monde souterrain

Une graine est tombée si petite et fragile
Une graine avalée dans cette immensité
Dont les riches espoirs et l’alchimie savante
Au fond de la nuit germe en racine émouvante
Qui lentement surprend par sa vivacité
Une graine est tombée si petite et fragile

Chaque jour un peu plus du soleil se rapproche
Ainsi pousse la tige et ses modestes feuilles
Sur le lit du compost un figuier envisage
Le doux rêve d’Icare avec fougue et courage
Quand l’arbre se déploie jusqu’au fruit que l’on cueille
Chaque jour un peu plus du soleil se rapproche

Le vent a désormais l’odeur des figues fraîches
Les petits becs joyeux chantent dans l’arbre chantent
La ronde de l’amour pour les fins connaisseurs
Qui viennent picorer un instant de douceur
À l’ombre des curieux une fête galante
Le vent a désormais l’odeur des figues fraîches